Découverte Alarmante de Microplastiques dans nos Salades !

Aucune région du monde n'est à l'abri de la contamination. Les microplastiques ont infiltré les terres agricoles et potentiellement ce que nous consommons. Des chercheurs néerlandais s'attèlent actuellement à comprendre l'ampleur du phénomène. Pour l'instant, ils se retrouvent avec plus de questions que de réponses.

Des microplastiques dans vos salades : Une menace invisible sur nos assiettes !

La présence généralisée de microplastiques dans les sols agricoles

Guusta Noordam, productrice d’asperges à Woubrugge aux Pays-Bas, illustre la situation. Sa ferme produit chaque année 21 tonnes d’asperges, un exploit rendu possible grâce à un élément essentiel : les bâches en plastique. Ces bâches conservent les asperges à l’obscurité, condition nécessaire pour maintenir leur blancheur. D’après Guusta, il serait difficile d’exercer son métier sans film plastique, et pour le moment, aucune alternative viable n’existe.

Cependant, le plastique ne se limite pas à l’emballage des asperges. Il est omniprésent dans tous les aspects de notre vie, y compris dans nos champs où il est utilisé à grande échelle pour créer des serres, des films ou des bâches au sol. Il est même utilisé pour enrober certains engrais, pesticides ou semences. Ainsi, le plastique, en se décomposant en fragments microscopiques, contamine les sols, leur vie et leur santé.

L’impact des microplastiques sur le sol et la vie aquatique

Le projet européen Minagris vise à quantifier la contamination des sols agricoles par les microplastiques. Comme le souligne Nicolas Bériot, chercheur à l’université de Wageningen, lorsqu’on commence une étude sur la contamination plastique, la question n’est pas de savoir si on va trouver du plastique, mais combien on va en trouver.

Il s’avère que ces plastiques contiennent des additifs, qui sont tous des contaminants potentiels des sols et de l’eau, où ils s’infiltrent. Bériot souligne que « le problème du plastique dans le sol, c’est qu’il n’y reste pas forcément. Il fuit dans l’eau, dans les systèmes aquatiques ». Par conséquent, comprendre les effets de ces plastiques constitue un défi majeur pour les chercheurs.

Quel impact sur notre alimentation ?

Dans ce contexte, une question cruciale se pose : quel est l’impact de ces microplastiques sur notre alimentation ? Willie Peijnenburg, chercheur à l’université de Leiden, se penche sur le sujet en étudiant un légume largement consommé : la salade. « La racine d’une salade forme des racines latérales plus petites. C’est par là que les microplastiques pénètrent dans la plante. Ils sont ensuite absorbés et transportés vers la partie supérieure de la laitue », explique le chercheur.

Les microplastiques : un envahisseur invisible dans nos sols agricoles

Vers une prise de conscience de la contamination par les microplastiques

Partout sur la planète, aucun territoire n’échappe à l’emprise des microplastiques. Infiltrant de manière insidieuse nos sols agricoles, ces particules minuscules posent question quant à leur impact sur notre alimentation. Un groupe de chercheurs néerlandais s’est récemment penché sur cette problématique complexe et urgente, avec pour l’instant plus d’interrogations que de réponses.

microplastiques

Guusta Noordam, productrice d’asperges à Woubrugge aux Pays-Bas, dépend de la plasticulture pour maintenir une production de 21 tonnes par an. Des bâches en plastique sont cruciales pour maintenir ses asperges à l’ombre, évitant ainsi leur coloration due à la chlorophylle. En dépit de l’utilité de ces films plastiques, leur usage soulève une inquiétude croissante. « S’il existait une bonne alternative, avec les mêmes résultats, on serait heureux de l’utiliser« , avoue Guusta.

Les multiples sources de microplastiques dans nos sols

En vérité, le plastique a infiltré tous les aspects de nos vies, et surtout nos terres agricoles. Il est largement utilisé dans l’agriculture sous forme de serres, de films ou de bâches au sol, d’enveloppes pour certains engrais, pesticides ou semences. Il améliore les rendements agricoles, mais se fragmente en particules microscopiques, contaminant les sols et affectant leur biodiversité et leur santé. Les boues d’épandage, issues des stations d’épuration et utilisées comme engrais, contiennent également d’innombrables microplastiques. Selon des estimations, le stock de microplastiques dans les sols agricoles à l’échelle mondiale pourrait atteindre de 1,5 à 6,6 millions de tonnes. Il est alarmant de constater que les champs européens pourraient représenter un réservoir de microplastiques plus grand que la surface des océans.

Une contamination difficile à évaluer

Le projet européen Minagris ambitionne de quantifier la contamination des sols agricoles par les microplastiques. Pour Nicolas Bériot, chercheur à l’université de Wageningen, la présence de plastique dans les échantillons n’est pas une surprise, la question est plutôt de savoir quelle quantité sera trouvée. Ces plastiques renferment des additifs qui sont tous des contaminants potentiels pour les sols et l’eau. « Analyser ce que contient le plastique, c’est une chose. Comprendre les effets de ce plastique, c’en est une autre », admet Nicolas Bériot.

Dans son laboratoire, l’équipe de Nicolas Bériot s’efforce de déchiffrer l’impact de ces microplastiques sur le sol, les plantes et les organismes vivants. Les effets négatifs sont certains à des concentrations élevées, mais qu’en est-il des concentrations actuelles dans les champs ? « Il y a tant de questions en suspens, auxquelles nous n’avons pas encore de réponses précises », admet le chercheur.

Les microplastiques, une menace pour les écosystèmes du sol

Les premières observations montrent que les microplastiques peuvent perturber les réseaux trophiques du sol, soit les chaînes alimentaires, en affectant notamment les micro-organismes et les vers de terre, essentiels à la santé et à la fertilité des sols. Ces petites particules peuvent également se coller à d’autres polluants, comme les métaux lourds ou les pesticides, et faciliter leur migration dans les sols et les nappes phréatiques. Enfin, elles pourraient être ingérées par les animaux ou pénétrer dans les végétaux, et se retrouver finalement dans nos assiettes. Les impacts sur la santé humaine sont encore mal connus, mais certains scientifiques alertent déjà sur le risque de perturbations endocriniennes ou de cancers.

Vers des alternatives au plastique dans l’agriculture

Face à ces inquiétudes grandissantes, la recherche d’alternatives au plastique s’accélère. Certains agriculteurs ont commencé à utiliser du bioplastique, plus cher mais biodégradable. D’autres envisagent de revenir à des pratiques agricoles plus traditionnelles, comme l’utilisation de paillis organiques. Des innovations sont aussi à l’étude, comme des films agricoles biodégradables à base de protéines de lait ou de fécule de pomme de terre. Les chercheurs de l’Université de Wageningen travaillent également sur des méthodes de détection et de récupération des microplastiques dans les sols.

La transition sera cependant longue et coûteuse. Et l’enjeu est de taille : il s’agit de réconcilier performance agricole et respect de l’environnement, en assurant à la fois la sécurité alimentaire de la population et la préservation de notre planète.

Avec l’augmentation des préoccupations concernant les microplastiques, l’Union européenne a récemment mis en place le projet PlasticFreeLand visant à réduire les plastiques à usage unique dans l’agriculture. De tels efforts sont louables, mais il est évident qu’il est nécessaire d’aller plus loin. Il est impératif d’entreprendre une véritable révolution de nos pratiques agricoles pour diminuer drastiquement notre dépendance au plastique et, par conséquent, la contamination par les microplastiques.