Sommaire
- 1 Une décision radicale qui ébranle des milliers de foyers
- 2 Les répercussions sociales de la suppression d’une aide essentielle
- 3 Un système de remplacement moins généreux et plus restrictif
- 4 Des conditions spécifiques pour maintenir une aide réduite
- 5 L’abolition de l’aide sociale, une promesse politique tenue
- 6 Un débat sur le coût et l’efficacité de l’aide sociale
- 7 Une « déclaration de guerre contre les pauvres »
- 8 Conséquences internationales et perspectives futures
Le choc de la suppression de l’aide sociale affecte profondément l’Italie
Une décision radicale qui ébranle des milliers de foyers
Le jeudi 27 juillet, un message abrupte parvient à environ 169 000 foyers italiens: ils ne recevront plus le revenu de citoyenneté à partir du 1er août. Cet énoncé percutant est un coup dur pour de nombreux ménages qui dépendaient de cette aide mensuelle d’environ 581 euros. L’aide était initialement destinée à ceux qui gagnaient moins de 9 360 euros par an. Toutefois, sa suppression progressive a commencé, et elle disparaîtra complètement d’ici le 1er janvier 2024.
La réaction à cette annonce abrupte a été marquée par l’indignation et l’inquiétude des citoyens italiens. Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays. À Naples, où l’aide a déjà été retirée à 21 500 ménages, un sit-in a été organisé devant les bureaux de l’organisme de sécurité sociale. Le climat social s’est tendu, l’annonce soudaine de la suppression de cette aide essentielle ayant attisé la colère des citoyens.
Un système de remplacement moins généreux et plus restrictif
La confusion s’est intensifiée suite à la communication officielle indiquant une « éventuelle prise en charge de la part des services sociaux ». En effet, seule une partie des ménages pourra demander une extension jusqu’en décembre, mais cela nécessite la preuve d’un « fort état de détresse sociale« . Pour environ 88 000 ménages jugés « en état de travailler », l’aide sera remplacée par une allocation beaucoup moins généreuse. Il s’agira d’un chèque plafonné à 350 euros par mois pour une durée maximale d’un an, à condition de participer à des projets utiles pour la collectivité.
Des conditions spécifiques pour maintenir une aide réduite
À partir du 1er janvier 2024, seuls les ménages ayant un mineur, une personne de plus de 60 ans ou une personne handicapée pourront continuer à bénéficier d’une « mesure similaire » au revenu de citoyenneté. Cependant, le plafond sera réduit à 500 euros par mois, contre 780 euros actuellement (630 euros pour les ménages ayant des personnes de plus de 67 ans ou ayant un handicap grave).
La suppression de cette aide sociale, mise en place par le Mouvement cinq étoiles en 2019, était l’une des promesses électorales majeures de Giorgia Meloni. Après son élection en septembre 2022, la première ministre d’extrême droite a retardé cette mesure, craignant une révolte sociale en raison de la situation économique difficile et de l’inflation élevée (8,1% en 2022, son niveau le plus élevé depuis 1985). Cependant, la suppression de l’aide sociale a finalement été confirmée le 1er mai, journée internationale des travailleurs, une date hautement symbolique.
Meloni a justifié l’abolition de cette aide sociale en invoquant son coût élevé pour les finances publiques (8 milliards d’euros en 2022) et des abus liés à son utilisation. Selon elle, l’aide n’a pas rempli sa mission première – soutenir financièrement les citoyens dans leur recherche d’emploi – et est devenue un « cadeau » pour ceux qui ne veulent pas travailler. Cela représente pour elle le « symbole de l’assistanat ». Cependant, elle est moins loquace lorsqu’il s’agit d’évoquer le million de personnes sorties de la pauvreté grâce à ce mécanisme, selon l’Institut italien de la statistique (Istat).
Une « déclaration de guerre contre les pauvres »
L’arrêt de cette prestation sociale a suscité une vive opposition. L’ancien président du Conseil, Giuseppe Conte (Mouvement 5 étoiles), a dénoncé le « désastre social » engendré par l’exécutif, qui doit s’attendre à un « automne chaud ». Elly Schlein, la secrétaire du Parti démocrate (opposition de centre gauche), a qualifié la mesure de « déclaration de guerre contre les pauvres », alors que l’inflation italienne (5,3% en juillet) reste plus élevée que celle de la zone euro.
Conséquences internationales et perspectives futures
La suppression du revenu de citoyenneté a également suscité des réactions en France. Le premier secrétaire du Parti socialiste a dénoncé « l’extrême droite dans ses œuvres ». Pour certains, cette décision illustre le fait que, malgré ses discours populistes, l’extrême droite, en Italie comme en France, reste attachée à l’ordre néolibéral. Et que sous prétexte de lutter contre l’assistanat, elle adopte des mesures antisociales qui aggravent la pauvreté et les inégalités.
En conclusion, la suppression de l’aide sociale en Italie est un tournant majeur qui affecte la vie de nombreux citoyens et transforme la dynamique sociale du pays. Les répercussions de cette décision se feront sans doute sentir au cours des prochains mois, tant au niveau national qu’international. Il est crucial de surveiller attentivement l’évolution de cette situation et de s’interroger sur l’avenir de l’aide sociale dans d’autres pays.